Chaque mois, les étudiants en année 4 de l’atelier de Didactique visuelle en échange dans une école étrangère, ou en stage, nous envoient quelques images et un très court texte témoignant de leurs impressions et partageant leurs découvertes.
Découvrez ci-dessous le journal de Camille Debard en stage durant les mois de février, mars et avril 2021 à la Physique Autrement – Université Paris-Sud.
Février 2021
La veille de mon premier jour de stage, j’ai reçu un étrange mail me donnant rendez-vous sur les quais du RER B, à Denfert-Rochereau. C’est avec un peu de réticence que j’ai découvert les joies de ce trajet direction Saint Remy-lès-Chevreuses, à contre sens de la foule qui se rend à Paris.
Objectif le CEP, un lieu dédié à l’innovation pédagogique de l’institut Villebon dans lequel il se trouve. Les espaces sont très agréables : d’immenses tables de travail, des canapés, un lieu pour manger ensemble, des bureaux pour s’isoler, une salle contenant du matériel pédagogique et créatif et un studio vidéo. Je rencontre
l’équipe petit à petit, car tout le monde s’affaire dans ce lieu de travail, mais aussi de rencontre pour les professeurs de l’université Paris Saclay. Je suis accueilli par Julien Bobroff, mon maître de stage, enseignant-chercheur en physique quantique, et Lou-Andreas tous les deux membres de la Physique autrement.
Durant ce premier mois, nous allons construire mon projet de stage petit à petit.
Je suis venue pour travailler sur l’invisible, et quand Julien me parle des métamatériaux et de la cape d’invisibilité, je trouve ça tout de suite mystérieux. Après avoir visionné un bon nombre de conférences sur le sujet, on m’encourage à expérimenter plastiquement. J’ai donc deux semaines devant moi pour tester des solutions visuelles pour représenter l’invisible. Je fais des essais de scanimation (ombro cinéma) pour faire osciller des ondes. Le plotter de découpe devient mon meilleur ami, je crée une multitude de pochoirs pour essayer de représenter des notions de physique telles que l’onde, l’électromagnétisme, les réseaux périodiques des métamatériaux, les rayons incidents, le biomimétisme…
Je commence à faire de petites illustrations animées de mes recherches, et à la fin du mois, nous sommes assez convaincus. Je vais réaliser un stop motion, pour expliquer le principe de cape d’invisibilité, des métamatériaux, et l’avancée de la science dans ce domaine. C’était une étape de travail intéressante que de construire mon sujet, et la manière dont j’allais le traiter.
Image 1 : Recherches, papillon au pochoir.
Image 2 : Recherches sur la lumière au pochoir.
Image 3 : Recherches en scanimation (procédé d’animation)
Image 4 : Carnet, prises de notes lors d’une conférence sur l’invisible
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Mars 2021
Je n’ai pas évoqué la vie de l’équipe, pourtant c’est elle qui rythme mes journées.
Je suis en présentiel environ trois jours par semaine, mais Julien et Lou suivent mon projet à distance les autres jours. Nous faisons souvent de petits ateliers créatifs rapides en groupe. Le but est de réfléchir autour d’une thématique, de nouveaux principes d’enseignement, ou pour lancer les sujets des uns et des autres. Ça va vite, les idées fusent, bonnes ou mauvaises ! C’est agréable de participer à la vie de cette équipe, et d’être tenue au courant des projets en cours.
De mon côté, je découvre le TechLab et son technicien, Thomas. J’ai abandonné la scanimation pour partir sur un stop motion réalisé en tampon (visuellement, cela correspond bien aux métamatériaux, petits composants électriques en motif).
L’idée est de créer un dialogue entre Julien, le scientifique, et moi, qui essaye de comprendre l’invisible en physique avec mes tampons et autres outils graphiques.
D’autre part, je dessine des formes assez modulaires pour me laisser la liberté de représenter ce que je veux avec mes tampons. De retour au Tech Lab : après quelques tests, je grave une bonne cinquantaine de tampons de toutes tailles.
J’ai aussi la chance de visiter un laboratoire d’optique, grâce à un jeune professeur qui travaille souvent au CEP : Benjamin. J’ai découvert ce monde (qui m’était inconnu !) de la recherche en science. J’ai pu observer les expériences en cours, discuter avec des thésards à propos de mon sujet, et avoir leur avis sur mes premières productions.
Image 1 : Tous mes tampons gravés à la découpeuse laser, fixés sur de petits socles en bois.
Image 2 : Exemple d’encrage de tampons modulables : ici une foreuse !
Image 3 : Premiers essais de formes et trames représentant les métamatériaux.
Image 4 : Visuel de la vidéo finale.
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Avril/début mai 2021
Avril est consacré à la réalisation de la vidéo. Je fais du montage et le travail du son en parallèle, et rectifie certaines scènes selon les retours de l’équipe. Une journée est consacrée au tournage d’une conférence avec Julien Bobroff. Dans la série de ses « Conférences confinées », nous en réalisons une sur le thème de l’invisibilité. C’est un splitscreen : on voit Julien qui donne les explications, mais aussi mes mains, mes tampons et mes feuilles qui essayent désespérément de suivre le rythme ! Elle sera diffusée plus tard, mais nous tournons en seulement deux prises, pour plus de réalisme. C’était très enrichissant de réfléchir à comment employer différemment tout le matériel que j’avais imaginé à des fins de vulgarisation scientifique.
Ces semaines intensives se terminent joyeusement : j’utilise mes tampons pour produire des goodies et autres moyens de communication autour de la vidéo (gif animés etc.). Et pour finir, l’équipe se regroupe pour visionner mon petit film. Les retours sont très positifs et c’est agréable de voir l’effet produit par les tampons, qui ont un drôle potentiel d’émerveillement, même sur les scientifiques les plus endurcis !
J’ai adoré travailler avec cette équipe, pouvoir mener mon projet en autonomie et profiter de tout le matériel du campus de Saclay tout en ayant le soutien et les remarques pertinentes de Lou-Andreas et Julien. La physique autrement est une drôle d’équipe toujours en mouvement, en brainstorming ou en atelier, mais qui m’a donné beaucoup de place, de temps et de confiance pour mettre en forme toutes mes idées. Quoi de plus agréable ? La rencontre de tous ses profs, chercheurs, étudiants d’autres écoles de design ou de science valait bien un détour par le RER B !
Image 1 : Dans la vidéo, on voit mes mains illustrer les propos scientifiques et tout le matériel utilisé.
Image 2 : Quelques cartes schématisant des figures issues d’articles scientifiques.
Image 3 : Au tampon toujours, visuel de communication.
Image 4 : Aperçu de mon installation pour filmer le Stop Motion.
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