Une des propositions développées dans le cadre du projet « Hypermnésie » sous la responsabilité d’Olivier Poncer et d’Olivier-Marc Nadel, en collaboration avec Jean-Christophe Cassel, professeur en neurosciences.
Un système graphique synesthésique.
Création d’un système typographique nommé Hypermnésia basé sur l’expérience synesthésique des lettres, mots et chiffres de Solomon Veniaminovitch, célèbre hypermnésique, pour qui ceux-ci sont codés en images visuelles. Réalisation d’une typographie, de deux posters explicatifs mais aussi d’un programme permettant de traduire les caractères latins en caractères issus de l’Hypermnésia afin de montrer à un public divers que les personnes atteintes d’hypermnésie ont une expérience tout à fait unique et différente lors de l’écoute d’un discours ou de la lecture d’un texte.
Pour Véniamin, « A c’est blanc et long ; i s’éloigne, on ne peut pas le dessiner ; ille est plus aigu ; iou est pointu, plus effilé que e ; ia est grand, on peut rouler dessus ; o vient de la poitrine, il est large et le son va vers le bas ; hé s’en va de côté ».
L’interprétation iconographique et sonore des signes que développe Véniamin fait écho à la création d’un nouveau système
de communication. Ce nouvel alphabet imaginaire et hybride, transpose les graphèmes et les lettres en signes. Ainsi, le système typographique est à la fois alphabétique et syllabique. Il prend place au sein d’un programme, Hypermnésia, qui invite l’utilisateur à expérimenter la nouvelle écriture. Celui-ci peut taper le texte de son choix et le traduire instantanément. L’idée est de permettre à un public divers de découvrir un exemple de ce que pourrait être l’expérience de la lecture et de l’audition d’un texte par un hypermnésique, de révéler la richesse des images mentales des personnes atteintes de cette pathologie. Pour ce projet, je me suis beaucoup référée au livre L’homme dont la mémoire volait en éclats, dans lequel le psychologue Alexandre Luria décrit le cas de Véniaminovitch et la forme que prennent les lettres pour lui. J’ai également étudié les systèmes graphiques anciens tels que l’écriture phénicienne afin de saisir au mieux les enjeux formels et symboliques dans la création typographique.
Références
• Alexandre Luria, L’homme dont la mémoire volait en éclats, Une prodigieuse mémoire, traduit du russe par Fabienne Mariengof et Nina Raushi De Traubenberg,
éditions Seuil,1995, édition originale, 1970.
• John berger, Sven Blomberg, Chris fox, Michel Dibb, Richard Hollis, Voir le voir, à partir d’une série d’émissions de télévision de la BBC réalisées et produites par Michael Dibb avec la collaboration de John Berger , éditions B42, 2014, édition originale, 1972.
• Marc-Alain Ouaknin, Les mystères de l’alphabet, L’origine de l’écriture, éditions Assouline, 2001.
• Entretien avec Daniel Tammet, Hypermnésique
• Paul Cox, Le jeu de l’amour et du hasard : (jeu de société sans règles), collection Mantoue : Corraini, 2000.