Yvan Freund, enseignant de l’atelier de Didactique visuelle, responsable de la spécialisation en Didactique médicale s’est rendu à Manchester du 21 au 23 avril 2016 afin d’assister au 67e congrès de la MAA (Medical Artists’ Association of Great Britain). Il nous rapporte ici le témoignage de son séjour. Il était accompagné de Claire Martha et Claire Thibon, respectivement étudiantes en année 3 et en année 4 au sein de l’atelier de Didactique visuelle, dont le compte rendu en images est accessible en suivant ce lien.
Une journée de congrès à Manchester
La Medical Artist’s Association of Great Britain fédère les illustrateurs médicaux britanniques. Nous avons été invités à intervenir lors de son 67e congrès annuel à Manchester.
Outre le Royaume-Uni, les intervenants venaient des États-Unis, notamment l’AMI (American Medical Illustrator association) et du Canada.
Les interventions de cette 2e journée de congrès avaient pour thème l’utilisation de la 3D dans la représentation médicale.
Reconstructions anatomiques en 3D à partir de scans nanométriques
L’utilisation de CT scans à l’échelle nanométrique permet une visualisation encore plus détaillée des tissus organiques, remettant en question les figures classiques de l’anatomie. Le Docteur Robert Stephenson (Liverpool John Moores University) a mis en évidence ces technologies sur des reconstructions et des impressions en 3D d’une très grande finesse de la musculature cardiaque. Cette imagerie est accessible et exploitable par les illustrateurs médicaux et aura un impact sur les représentations contemporaines de l’anatomie.
Mettre au point des modèles 3D anatomiques de référence
Mark Schornak (président de l’AMI, USA) dirige une équipe d’illustrateurs médicaux travaillant dans un institut de neurologie. Mettre au point des modèles 3D en neuro-anatomie rigoureusement justes nécessite les efforts conjoints d’une vaste équipe pluridisciplinaire (illustrateurs, scientifiques, ingénieurs en imagerie médicale). Pour atteindre cet idéal de référence anatomique absolue, chaque détail doit être confronté à la littérature scientifique et en conséquence constamment mis à jour.
L’animation 3D médicale, un marché en expansion
Pour Marc Dyers (BMC Toronto), l’enseignement de la 3D est au cœur de la pédagogie de la BMC de Toronto. Il nous a présenté les nombreux films développés par leurs étudiants. D’un registre réaliste et rigoureux sur le plan scientifique, les effets spectaculaires sont voulus et assumés. Ils répondent ainsi à un marché florissant de l’animation médicale dont les grands laboratoires nord-américains sont friands. La 3D est en effet particulièrement adaptée à la mise en scène des mécanismes cellulaires et moléculaires.
Modéliser et animer en 3D plus rapidement et plus efficacement
Glenn Maguire (société Sparkle, Liverpool) a montré comment certaines fonctions de processing (système de particules, randomisation etc.) peuvent raccourcir très considérablement les étapes de modélisation et d’animation, cassant le stéréotype de l’animation médicale 3D très longue à réaliser et onéreuse pour le client.
Table ronde
La table ronde à laquelle j’ai été convié en tant qu’orateur, a été un moment d’échange avec tous les participants du congrès sur les préoccupations de la profession. Comment en faire la promotion, comment la faire évoluer et quelles sont les caractéristiques des différentes formations d’illustration médicale en Europe et en Amérique. Il a été question, entre autres, de la pertinence d’un programme de doctorat en illustration médicale. Un tel doctorat est actuellement proposé en Europe par l’université de Dundee en Écosse, il est associé à la recherche dans le domaine des sciences.
Workshop de morphologie : peindre l’anatomie sur le vivant
Notre modèle de workshop ‘peindre l’anatomie sur le vivant’ s’exporte plutôt bien à l’étranger. Après Toronto l’année dernière, j’ai animé à Manchester une autre session de « body painting ». Cela consiste à peindre directement sur le corps d’un modèle les muscles superficiels du torse. Les participants ont particulièrement apprécié l’expérience directe de l’observation par le toucher, en pratiquant l’anatomie sur le vivant. Notre modèle, Phil Ferguson Jones, patient et très expérimenté, a posé pour Lucian Freud et Francis Bacon.
mai 2016, Yvan Freund