Lorsque l’on parle de « vulgarisation scientifique », on pense à des journalistes spécialisés qui œuvrent pour rendre accessible un contenu scientifique complexe. Quand on parle de « dessin de presse », l’image vive, rapide, synthétique, métaphorique, l’humour voire l’insolence s’imposent à l’esprit.
Pourtant, rarement ces deux acteurs ne se rencontrent pour une médiation plus efficace des contenus scientifiques.
Ce projet a été mené de concert par des étudiants du « Master Science et société : histoire, philosophie et médiation des sciences » de l’Université de Strasbourg et les étudiants en année 3 de l’atelier de Didactique visuelle de la HEAR.
Il a eu pour objectif d’associer les compétences développées dans le cadre de ces deux formations autour de la publication numérique d’articles scientifiques : six articles rédigés par des étudiants du Master Science et société ont été sélectionnés et les étudiants de l’atelier de Didactique visuelle les ont illustrés.
L’ambition est d’expérimenter ainsi une lecture nouvelle et dynamique de textes exigeants, portée par le dessin à l’écran, animé, surprenant, inventif, en un mot : didactique.
Sciences et humour
« Albert Einstein ne ratait jamais l’occasion de faire un bon mot. Pour expliquer la théorie de la relativité par exemple, il aurait dit : « placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez-vous auprès d’une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C’est ça la relativité. »
Peut-on être un scientifique respecté et reconnu par ses pairs tout en usant d’humour ? L’exercice semble périlleux tant les sciences paraissent sérieuses. »
Article de Christophe Weinzaepflen
Dessins : Guillaume Clausolles et Alice Noulin
Petite histoire de cryptage
« Que cela soit pour crypter des messages en temps de guerre depuis des siècles ou bien protéger des données personnelles sensibles, l’humain utilise les mathématiques et la cryptographie pour coder des données. Le code César, le code Vigenère et la machine Enigma sont quelques exemples de méthodes qui furent utilisées pour crypter des messages. La liste n’est bien évidemment pas exhaustive et de nos jours ce ne sont plus des messages mais des données entières qui sont cryptées via des méthodes de plus en plus complexes. »
Article de Thibault Rennesson
Dessins : Pierre-Baptiste Harrivelle et Tanguy Chêne
Hiii ! une souris !
« Le hurlement est perçant, vrille les tympans et hérisse les poils. La responsable de ce cri, les yeux agrandis par la peur, se trouve juchée sur une chaise en attendant de l’aide. Cette scène, tout le monde la connaît : que ce soit dans votre série préférée, dans la dernière comédie ou tout simplement chez vous, les femmes ont toujours eu peur des rongeurs, n’est-ce pas ?
Et si les femmes étaient tout simplement plus sujettes à la peur ? Lors des dix dernières années, de nouvelles perspectives de recherche ont été développées concernant le rôle des genres dans les peurs spécifiques. »
Article de Joséphine Magnan
Dessins : Claire Martha et Caroline Gauthier
Le mythe nordique, processus d’uniformisation culturelle
« Les expressions « mythes nordiques » ou « mythologie nordique » ne surprennent guère aujourd’hui tant leur usage est courant, au point qu’on pourrait croire qu’ils renvoient à une réalité. En effet, pour en donner une définition très large, ils désigneraient les récits des croyances des peuples de la Scandinavie ancienne, comme on en trouverait d’autres de même nature dans différentes cultures.
Rédigés vers 1220, soit plus de 200 ans après la christianisation de l’Irlande et environ un siècle et demi après la fin de ce qu’on appelle la période « Viking », ces textes participent d’une construction qui s’est faite au cours du temps par un regard « Christiano-centré ». »
Article de L. Di Filippo
Dessins : Martial Obry et Léon Delage
Impérialisme ? Toujours présent !
« Un article de la revue scientifique Physics world ayant pour titre « Migration des prix Nobel de physique », recense l’origine des migrants récompensés par le fameux prix tout en conservant l’unité du seul empire Britanique (…) ce dernier devenant du coup, pourvoyeur majoritaire de nobelisés (…) nationalisme ou provocation ? »
Article de Jean-Paul Deville
Dessins : Manon Galvier et Armelle Exposito
Vitalisme et synthèse de l’urée
« Avant et durant une partie du XIXe siècle, la communauté scientifique occidentale considérait que le principe explicatif fondamental de la vie — animale et végétale — consistait en l’existence d’une force vitale inconnue et nécessaire. Ce mode d’explication vitaliste se retrouva en concurrence avec les anti-vitalistes dont le mode explicatif se composait de lois physico-chimiques.
Grâce à une synthèse accidentelle de l’urée, Friedrich Wöhler réussit à montrer que les matières organiques et inorganiques sont soumises aux mêmes lois (…) apportant ainsi le plus grand soutien confirmatif à l’hypothèse des anti-vitalistes. »
Article de Yasmina Beddar
Dessins : Coline Aubert et Camille Fiore