Artothèque
14, place de la Paroisse
83170 Brignoles
Réalisation, photographies et illustrations
Léon Falala Delage
Relecture
Andréa Corvo
Remerciements
Olivier Poncer et Michel Ravey
2015
C'est à Brignoles qu'ouvre l'Artothèque en tant qu'atelier dès 1999.
Situé dans le Sud de la France, à 60km d’Aix-en-Provence, il s’agit d’abord d’un espace de travail personnel qui ne dispose que d’une presse simple à deux rouleaux rapportée d’Hollande, puis d’une presse typographique réajustée pour le tirage de gravure. Il devint l’atelier Chapeau de Zinc et Botte de Cuivre suite à différentes rencontres. Pour finalement, en 2006, devenir une association interne simplement nommée l’Arthothèque. Elle pu réunir une vingtaine de graveurs qui mettent à disposition 10 réalisations chacuns, ils sont alors exposés dans l’atelier-gallerie ainsi que dans la médiathèque de Brignoles et peuvent être acheté, mais aussi loué. Il est possible d’être adhèrent à l’association et suite à un abonnement peuvent emporter chez eux, l’une des 200 gravures pendant un an. Si cette dernière plaît à un adhérent, il pourra se la procurer en l’achetant. L’Arthothèque fonctionnant bénévolement, elle reverse intégralement les fonds à l’artiste.
Passionée par la gravure, l’Artothèque à la particularitée de ne proposer que des oeuvres et créations autour de la gravure et l’impression.
Qu’il s’agisse de linogravure, d’eaux-fortes, pointe-sèche et plus récemment de la sérigraphie, il est intéressant de voir, comment chaque personne peut s’approprier une technique et voir ce qu’il en fait. C’est pour cela que des cours de gravure sont aussi proposé à ceux qui sont charmés par la gravure, qui veulent comprendre comment on peut faire ça à partir d’un matériaux solide et d’un outil éguisé. En 2012, des cours pour les plus jeunes, en participation avec les écoles de Brignoles, sont donnés régulièrement afin d’initier les enfants à la linogravure. Tout le matériel nécessaire leur est fourni, de la plaque jusqu’au papier. Il en est de même si un graveur en panne de presse à besoin d’imprimer. Il aura cette dernière à disposition ainsi que du papier, le fonctionnement de l’Artothèque étant principalement basé sur le partage et ceux qui y participent le comprennent et viennent à rendre service en retour. L’atelier et sa documentation reste ainsi accessible à tous et vit principalement du bouche à oreille.
L'association ne se cantonne pas qu’à un simple atelier-gallerie.
Depuis 2012, elle est en collaboration avec des performances artistiques de rue, la Foire de Cotignac, la Foire de l’Estampe à Carcès, ou encore la Journée du Livre. Il est néanmoins difficile de se faire une place dans la région sud, car malgré être bénévole et ne demander que peu de chose, la mairie ne parle que très peu de l’Artothèque ou des évènements qui y en sont reliés. En dehors des murs d’Aix-en-Provence et de Marseille, il est assez rare de trouver des galleries ou des lieux similaires à l’Artothèque. En effet, alors que le centre de Aix dispose de pas moins de 8 galleries qu’y ne sont séparées de quelques mètres, il faudra parcourir plus de 20km avant de trouver un espace semblable et qu’y n’est pas la salle des fêtes de la commune et qui dispose d’une publicité. Et au-delà de la médiathèque, toute la communication est gérée par l’association. Ils gravent et impriment des affiches et les placardent eux-même dans toute la ville.
Je ne dessinais qu’avec du feutre noir en tramant le plus proprement qu’il m'était possible.
Mon enseignant d’aquarelle me suggérait de me mettre à la gravure, cette information était entrée par oreille pour en sortir de l’autre. Un an après, je rencontrais et me fait ami-sans-le-savoir avec un enseignant de dessin qui était graveur par la même occasion, il me parlait de la gravure comme si il s’agissait d’un loisir divin, gracieusement offert aux Hommes. Ce dernier me proposa de rencontrer un graveur qui vivait pour et par sa gravure afin de toucher un peu à la technique et de l’apprendre. Pour la première fois, je voyais un atelier d’artiste et de gravure.
Au début, il fallait embrasser le papier afin de connaître son humidité.
Diluer l’encre, couper un quart-trois quart le vernis brun, couper l’acide ou encore régler la presse. Tout cela semblait plus tenir du kit du petit chimiste ou d'un rituel païen que de travail. Et les demi-journée devinrent rapidement des journées entières dédiées à la gravure. Pour certains, le dimanche était le jour du seigneur, pour nous il était réservé à la gravure rythmée par du jazz incessant qui venait à éveiller la curiosté des passants et des paroissiens. Des anecdotes se multiplièrnt: l’homosexualité de l’Homme de Vitruve, John Coltrane écouté en vitesse rapide, l’espace de travail parfait pour le graveur, ...
Objectivement, il est vrai que ça n’a rien à voir avec les galleries contemporaines épurées qui sont recouvertes d’un blanc d’Espagne.
Ça semble plus être une caverne d’Ali baba qu'un atelier-gallerie de la décennie du deuxième millénaire. Mais on y trouve de tout : des gravures inachevées, à peine commencées, abandonnées, finies et emballées et d’autres soigneusement mises sous verre. Et quand on vient pour y travailler, on se rend compte que c’est un lieu de travail parfait qui représente bien dans quel chaos un artiste (quel qu’en soit son domaine) peut vivre. Sa documentation à proximité, la possibilité de faire de la nourriture à côté de préparations et produits chimiques hautement nocifs, des sacs d’objets récupérer ou de chutes de support qui sont « à utiliser ». Il est compréhensible que ce soit difficile d’imaginer ça comme un lieu de travail ou un « bureau » pour certains.
De ce fait, cet atelier est un espace personnel.
Et la gallerie qu’il renferme n’est, malheureusement, pas mise en valeur comparée à l’image qu’on se fait d’une gallerie d’art contemporaine. On pourrait comprendre alors que la gloire et la reconnaissance ne soit pas au rendez-vous, mais j’aimerai qu’elle soit connue dans l’état qu’elle est, et paradoxalement qu’elle reste aussi un peu le repère de quelques graveurs comme une la table de bar où seul les habitués prennent place et connaissent la signification des graffittis.