Chaque mois, les étudiants de l’atelier de Didactique visuelle en échange dans une école étrangère, ou en stage, nous envoient quelques images et un très court texte témoignant de leurs impressions et partageant leurs découvertes.
Découvrez ci-dessous le journal de Juliette de Gouberville en échange en illustration à l’école Massana à Barcelone en Espagne.
Mars 2019
« Arriver à Barcelone, dormir en auberge de jeunesse avec 12 autres personnes dans la même chambre, soit ne pas dormir. Chercher un appartement. OK. Trouver un appartement. Commencer l’école, ne plus comprendre l’espagnol, appris il y a déjà trop longtemps, et découvrir le catalan. OK. Attendre que la chambre se libère. Rencontrer mes nouveaux camarades de classe, dont je regarde les lèvres bouger sans ne pouvoir attraper que quelques mots dans le flot de leurs paroles. Emménager. OK. Atterrir enfin pour de vrai.
Cette ville est un tourbillon, mais je pense qu’il ne faut pas trop écouter tout ce qu’on raconte sur elle. Sur les boîtes, sur les tapas, sur la plage, sur les pickpockets, etc. Ici, c’est vrai, rien ne dort jamais. Les magasins sont ouverts toute la nuit, on se lève tôt, mais on déjeune tard et les journées s’étirent. On parle catalan, castillan, mais aussi italien, brésilien, allemand, turc… L’école dans laquelle je suis est située dans le Raval, le quartier qui craint un peu à Barcelone, donc je fais attention à mes poches, mais rien de plus. C’est un coin très touristique et il y a une fracture sociale assez frappante: beaucoup de SDF dorment près de la porte d’entrée de la Massana.
Ici j’apprends beaucoup parce que je dessine tout le temps. Cette ville me donne le temps. J’observe tout. Cela fait déjà deux mois que j’y suis et les jours défilent à une allure folle, je ne les vois pas passer, mais je vis chacun intensément. Je parle aussi beaucoup mieux espagnol maintenant, j’arrive bien bien mieux à comprendre aussi quand on s’adresse à moi, avec des accents différents. Ce mois d’avril il y a la semana santa, où personne ne travaille, et on va enchaîner avec une semaine chargée de rendus et de nouveaux projets à vous montrer.
À vite ! »
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Avril 2019
« Continuer à dessiner, tout le temps. C’est comme ça que j’apprends. Je découvre de nouvelles personnes, de nouvelles techniques grâce à mon école. Les projets s’enchaînent et ce qui me motive le plus c’est que je vois que je progresse à chaque fois. L’ambiance est très positive, le jugement de nos travaux est très délicat. La prochaine échéance est à la fin de ce mois-ci : notre participation, avec d’autres étudiants et amis, à un festival d’illustration à Barcelone, en tant que TACA PRESS. Ce sera la première fois pour moi, et j’ai hâte de voir… En dehors de l’école d’art, je réalise que beaucoup de mes amis aiment dessiner, mais ne prennent pas le temps de le faire, parce qu’ils ont trop de travail ou pas assez de matériel.
Alors un dimanche, nous nous sommes tous réunis dans un parc, j’ai apporté du matériel pour chacun puisse faire quelque chose avec une technique. Il n’y avait pas de thème, le but c’était juste de parler d’art et d’en faire, ensemble. J’ai adoré animer cet après-midi, ça m’a apporté beaucoup et je pense que ça a apporté à tous les participants. Je vais essayer de rendre ce rendez-vous régulier à présent.
Et ce mois-ci, je vous propose un oiseau, une illustration d’opéra, une recette de cuisine pour tous, et des planches de stickers ! »
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Juin 2019
« Reprendre un peu mes esprits, souffler. Le dernier mois a été intense, mais j’ai encore appris plein de choses.
Pour la première fois, j’ai participé à un festival d’illustration Gutter Fest, avec mes copains de classe. C’était très chouette de découvrir l’ambiance du festival de l’autre côté de la table, d’aider à installer notre stand, de discuter avec d’autres illustrateurs de la ville et d’ailleurs. Je fais partie de TACA PRESS maintenant. Nous avons aussi dessiné des animaux, en allant dans un centre équestre pour dessiner des chevaux, mais aussi dans une réserve naturelle dans laquelle on s’occupe de réhabiliter et de soigner des grands singes qui étaient maltraités (dans des cirques, par des particuliers, pour des pubs, etc…). J’étais fascinée en les dessinant de comparer à quel point ils nous étaient semblables, dans leur gestuelle, leurs expressions. Ce ne sont pas des modèles fixes, ils sont difficiles à dessiner parce qu’ils bougent beaucoup. C’était la première fois que je voyais ces animaux d’aussi près. C’était une chouette expérience. Maintenant je me prépare doucement pour mon départ à la fin du mois.
Ce mois-ci il y a donc TACA PRESS, une page d’un conte illustré, un beau dessin bleu et des singes. »
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